Le France est un bateau à roues à aubes à vapeur du lac d’Annecy.
Le France traverse régulièrement le lac de 1909 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle il sert de bateau prison. Il sombre dans la nuit du 12 au 13 mars 1971, dans des conditions qui n’ont pas été à ce jour élucidées. Pour certains c’est le manque d’entretien et le gel qui sont responsables d’une voie d’eau sous la ligne de flottaison.
L’épave du France repose encore à ce jour dans le lac d’Annecy par une moyenne de 42 mètres de fond. C’est une épave connue des plongeurs. Elle se trouve dans la baie d’Albigny, au large de l’Impérial Palace à Annecy-le-Vieux, entre 40 et 45 mètres de profondeur.
La fée du Lac, légende de Noël
La légende raconte qu’en des temps médiévaux, le seigneur Jacques III souhaitait joindre Talloires et Duingt sans naviguer. Sa fille aurait péri par profondis dans les eaux du lac d’Annecy. Pour construire un pont, ce seigneur confia à son page Jehan le soin de demander l’aide des fées. Intéressé de rejoindre sa belle Ancilie qui vivait de l’autre coté du lac, le page se pressa de confier cette construction aux fées. En échange, celles-ci demandèrent une donation régulière en beurre et sel. Le seigneur s’en accommoda jusqu’au jour où un cerf jaloux accusa le page Jehan de duperies. Le seigneur répudia le page et interrompit les dons en beurre et sel. La construction du pont s’arrêta au grand damne du seigneur. La princesse des fées fit conduire le page de l’autre coté du lac par les terres afin qu’il y marie sa belle. Les fées disparurent et seuls les pilotis du pont inachevé entre Talloires et Duingt subsisteront en mémoire de la félonie du seigneur…
« … Il était une fois, il y a bien longtemps, un joli petit village situé sur une presqu’île au large de Duingt, sur les rives du Lac d’Annecy. Là, dans ce village, les gens menaient une vie simple et heureuse : les hommes cultivaient la terre, allaient à la chasse et à la pêche, plantaient leur vigne, faisaient leur vin ; quant aux femmes, elles élevaient les enfants en soignant les bêtes et faisaient marcher leur langue, comme il se doit…
Par un beau soir de la Noël, alors que chacun dans les maisons se prépare pour la messe de minuit et apprête la collation du retour, voici que, venant de la montagne toute proche, le Semnoz, apparaît dans la neige qui recouvre la campagne, un étrange équipage : une pauvre vieille toute pliée en deux sur son bâton noueux, accompagnée d’un vieux chien pelé, baveux, galeux. Dans la bise, ils se hâtent vers le village, malgré les éléments déchaînés.
La pauvre vieille pensait qu’il lui serait facile de trouver un asile pour la nuit et la voilà qui arrive à la première maison du village. Dans le pèle (la cuisine), la maîtresse de maison roule la pâte des rissoles, les bras enfarinés jusqu’aux coudes. La vieille toque à la porte et la maîtresse de maison d’ouvrir : – Holà, la vieille, que faites-vous à cette heure ? Les gens honnêtes ne courent pas les chemins le soir de la Noël ! – Hélas, ma bonne dame, je voudrais juste un quignon de pain et un coin de grange pour moi et mon chien ; nous venons du Semnoz et nous sommes fourbus par cette bourrasque… Holà ! Passez votre chemin, il n’y pas de place pour vous ici !
Et voilà la pauvre vieille repartie plus loin, toute pliée en deux sur son bâton noueux, accompagnée de son chien pelé, baveux, galeux. Et, à la maison suivante, c’est le maître de maison qui remonte de la cave, chargé d’un beau jambon fumé et de bonnes bouteilles qui accompagneront la collation du retour de la messe de minuit et qui la renvoie aussi rudement. La vieille et son chien repartent encore plus loin.
De maison en maison, tous la renvoient. Même les enfants qui fourbissent les lanternes pour se rendre à l’église, la chassent à leur tour. Partout la mendiante est éconduite et renvoyée sans un regard de pitié, ni un mot de consolation. Lorsque la dernière porte du village se referme sur elle, la pauvre vieille reprend le chemin de la montagne, accompagnée de son vieux chien, pelé, baveux, galeux, en dépit de la bise et de la neige.
Cheminant dans la tourmente, la vieille atteint bientôt la crête du Semnoz. Au loin, tout près de l’étendue scintillante du lac d’Annecy, le village apparaît minuscule. Et déjà, sortant des maisons, les familles joyeuses s’acheminent vers l’église qui accueille les premiers paroissiens, tandis que du clocher s’égrènent les douze coups de minuit. Mais, là-haut dans la montagne, s’opère tout à coup une étrange métamorphose : la pauvre vieille se transforme soudain en une magnifique jeune femme, vêtue d’un manteau d’hermine et le pauvre chien pelé, baveux, galeux devient une splendide bête puissante.
Et la Fée du Lac, car c’était elle, se retourne vers le village en criant :
– Gens méchants, soyez punis comme vous le méritez ! Aussitôt, il se produit un énorme cataclysme, un gigantesque raz-de-marée, qui gonfle les flots, puis les creuse en gouffre où disparaît le village, aspiré dans les sombres profondeurs. Quelques instants plus tard, le lac recouvre à nouveau de ses flots paisibles ce qui avait été un village heureux… Si un soir de la Noël, vous passez au large de Duingt, vers la Minuit, arrêtez-vous au bord du lac et écoutez… Vous entendrez quelque part, venant de l’onde, sonner les douze coups d’une cloche lointaine. C’est la plainte éternelle et désespérée du village englouti.